Pierre DUMONT "Au bord de l'eau"

Pierre Jean Baptiste Louis Dumont, également connu sous le pseudonyme d’André Jallot, né le 29 mars 1884 à Paris 5e, et mort dans la même ville3 le 8 avril 1936, est un peintre français, doublement rattaché à l'École de Rouen et à l'École de Paris.
Dans sa jeunesse, Pierre Dumont habite la ville de Rouen où son père, à la rentrée des classes de 1887, est nommé professeur de sciences naturelles au lycée Pierre-Corneille, dont il est lui-même élève, y faisant la connaissance de Marcel Duchamp, de Robert Antoine Pinchon, de Maurice Louvrier, mais aussi de Francis Yard et de Camille Cé avant de fréquenter l'atelier de Joseph Delattre, situé rue des Charrettes à Rouen. L'influence de Robert Antoine Pinchon sur Pierre Dumont — qui est en fait réciproque — est alors « indiscutable : ils ont un point commun évident, tous deux sont de remarquables coloristes, et il est certain que dès 1902 les deux jeunes artistes se retrouvent sur le motif, soit dans les environs proches, Canteleu, Bihorel, ou sur les bords de Seine ».
Joseph Delattre, en concertation avec le marchand de couleurs et galeriste rouennais Legrip, constitue une « Académie de Rouen » avec pour premiers membres Narcisse Guilbert, Robert Antoine Pinchon et Pierre Dumont dont « les premières toiles sont marquées par les influences de Van Gogh et Cézanne… Il peint alors des paysages de Varengeville, d'Eauplet, de l'île de Brouilly ». À sa première exposition en 1906 à la galerie Legrip à Rouen, il présente des sujets dans la tradition de l'École de Rouen : bords de Seine, scènes de moisson, cours de ferme.

François Lespinasse présume que cet artiste « est un visiteur passionné de la rétrospective posthume de Cézanne en 1907 lors du cinquième Salon d'automne. Pierre Dumont produit quelque temps après une nature morte en hommage au maître d'Aix, tandis que dans son paysage exécuté à Varengeville, la leçon de Cézanne est évidente ». En cette même année 1907, après sa participation au Salon des artistes rouennais dont l'esprit conventionnel le déçoit, Pierre Dumont initie la création du Groupe des XXX, regroupant trente artistes indépendants dont, outre son ami Pinchon, Henri Matisse, André Derain, Maurice de Vlaminck, Raoul Dufy, Gaston Prunier, Eugène Tirvert, Georges Bradberry, Charles Frechon, Maurice Louvrier et Tristan Klingsor. Après son exposition à la galerie Legrip (1907), le groupe se revendiquant d'avant-garde prend en 1908 le nom de Société normande de peinture moderne.

C'est en 1909 que Pierre Dumont aborde le thème de la cathédrale de Rouen, « y apportant souvent les vigoureuses schématisations du fauvisme, son admiration pour Jacques Villon le poussant en 1912 à explorer le cubisme ». 1912 est précisément le temps où Pierre Dumont crée à Rouen une revue intitulée La Section d'or qui, bien qu'éphémère, reçoit des contributions de Paul Reverdy, André Warnod et Guillaume Apollinaire (ce dernier venant dans ce cadre prononcer à Rouen le dimanche 23 juin 1912 une conférence intitulée Le sublime moderne) et favorise le rapprochement par Dumont du groupe éponyme parisien : à l'exposition de La Section d'Or organisée en octobre 1912 à Paris par Jacques Villon, Pierre Dumont accroche trois toiles.

Se liant d'amitié avec Max Jacob, André Lhote, Juan Gris et Francis Picabia, Pierre Dumont, choisissant avec son ami Pierre Hodé de vivre à Paris — il s'installe au no 13 place Ravignan (aujourd'hui place Émile-Goudeau) qu'il quittera en 1918 pour aller, non loin, au no 1 rue d'Orchampt, puis en 1925 au no 86 boulevard des Batignolles — occupe un atelier au Bateau-Lavoir et aborde des thèmes de Paris et des environs de la capitale (le Sacré-Cœur, Notre-Dame de Paris, les ponts de Paris, le Moulin de la Galette, la maison de Mimi Pinson, l'étang de Saint-Cucufa).

En 1927 se produit un incident hémiplégique dont il semble se rétablir, mais qui fera que la maladie, les crises d'épilepsie et les accès de colères délirantes s'acharneront désormais constamment sur lui, venant contraindre Pierre Dumont, entre 1934 et 1936, à peindre de la main gauche. Ces événements, assortis d'internements forcés, font reconnaître ces deux dernières années de son œuvre comme de bien moindre qualité. Lorsque Pierre Dumont meurt à Paris à l'hôpital Sainte-Anne, quelques jours après sa femme qui, épuisée de l'avoir soigné, avait été hospitalisée en même temps que lui, on estime qu'il a peint 2800 à 3000 toiles.

Bibliographie (sélection) :

Pierre Dumont, « Les arts : des indépendants », in Les Hommes du jour, avril 1912.
Léon Bernard et Pierre Varenne, « Pierre Dumont », Éditions Durand-Ruel, Paris, 1928.
Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, 1975, tome 1.
Gilbert de Knyff, » Pierre Dumont », Paris, Mayer, 1976 (OCLC 461670488)
Jean Cassou, Bernard Dorival, Georges Duby, Serge Fauchereau, René Huyghe, Jean Leymarie, Jean Monneret, André Parinaud, Pierre Roumeguière et Michel Seuphor, Un siècle d'art moderne - L'histoire du Salon des indépendants, Denoël, 1984.
François Lespinasse (préf. François Bergot), L'École de Rouen, Sotteville-lès-Rouen, Fernandez, 1980, 221 p. (OCLC 18496892, LCCN 80155566), p. 114-119.
Maurice Louvrier, Pierre Varenne, Roland Dorgelès, Max Goth, René Fauchois, Gilbert de Knyff, Adolphe Tarabant, Pierre Dumont, 1884-1936, Éditions Galerie Michel Bertran, 1992.
Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992.
Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1993.
François Lespinasse, « L'École de Rouen, Rouen », Lecerf, 1995 (ISBN 2901342043).
André Roussard, « Dictionnaire des artistes peintres à Montmartre », Édition André Roussard, 1995.
Emmanuel Bénézit, « Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs », Gründ, 1999, tome 4.
Jean-Pierre Delarge, « Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, » Gründ, 200129.
Antoine Bertran, « Rouen au fil de l'eau » - Reflets et transparences, Éditions Point de vues, 2013.

Ici , Pierre DUMONT allie technique enlevée et palette sombre pour jouer avec les reflets et la profondeur de l’eau (probablement les bords de la Seine). Notre tableau représente une synthèse des différentes techniques rencontrées par l’artiste (impressionnisme, fauvisme, cubisme…)
HST : 65 x 54 cm (hors cadre) signée en bas à gauche.

Réf : P0054
Prix : 920 €